12 avril 2006

Petite réflexion personnelle...

Avant-hier, le CPE est mort.
Je m'appelle... et je vis dans une banlieue dite défavorisée. C'est pas moi qui l'appelle comme ça, ce sont les autres. Je ne suis pas forcément issue de l'imigration, je vis là, c'est tout. Depuis tout petit. Comme tous les autres jeunes de mon âge, je dois rencontrer des difficultés scolaires et plus tard, mon insersion professionnelle doit être un véritable calvaire. Si on le dit, c'est que ça doit être vrai...
Alors mon gouvernement me propose une solution. Elle vaut ce qu'elle vaut, mais au moins elle a le mérite d'être, d'exister autrement que sous la forme d'un discours ou d'une vague promesse de campagne électorale.
Mais d'autres jeunes, travaillant dans les universités, dont les parents ont les moyens de leur offrir de grandes études, ont décidé que c'était mal de faire ça et alors ils ont tenté de prendre le pouvoir où il se trouve: dans la rue. Des lycéens les ont soutenus. Interrogés, la plupart ne savait même pas pourquoi ils étaient là. Mais si les grands ont dit que c'était mal, c'est que ça doit être vrai...
Pendant des semaines, le mouvement a tenté de gouverner, de dire à la place d'un gouvernement, d'un Premier Ministre et des autres garants de la démocratie et de nos institutions, comment il fallait faire.
Aux AG se sont succédées des manifs, des opérations coup de poing, toujours dans le cadre de la légalité, m'ont-ils dit. Pourtant j'étais persuadé d'avoir vu des casseurs, issus comme moi de banlieues dites défavorisées...on m'a dit que non, que l'important c'était que le CPE soit retiré pour une autre chose basée sur le dialogue social. J'ai essayé de dialoguer avec un pavé... ben il m'a pas raconté grand'chose... peut-être que mon oreille n'était pas du côté de sa bouche...
Moi j'y ai vu une sorte de mini Mai 68, mais les autres disent que c'est pas vrai. Si ils le disent, c'est que ça doit être vrai.
Finalement, le Président de la République a tranché.
S'en sont suivis les événements en cours...
Au final j'ai appris une chose: pas besoin de s'enfermer des années dans les plus prestigieuses écoles pour gouverner: descendre dans la rue et crier suffit. En pus, je dois pas faire partie d'une banlieue si défavorisée que ça, car les casseurs qui en venaient étaient eux aussi dans la rue, au nom du retrait du CPE; et au final, on leur offre une nouvelle loi, une nouvelle proposition. Donc, comme aujourd'hui ils ont obtenu gain de cause, ils sont aussi forts qu'un ENArque, voir plus: qu'un putschiste.
Vous en connaissez beaucoup, vous des jeunes de banlieue qui font la loi ? Des étudiants qui gouvernent ? Des lycéens qui décident ? Moi j'ai appris que désormais si un truc me plaît pas, je descendrai dans la rue casser et crier, et qu'au final on me dira amen et qu'on me donnera ce que je veux.
Coluche disait: plus c'est grand plus c'est bête. Quand les adultes regardent les enfants, ils disent"qu'est-ce qu'il est intelligent pour son âge"; la preuve qu'en grandissant ils s'y paument...
Maintenant que le pays est fragilisé par la rue, les choses iront mieux, m'ont-ils dit...
Si ils le disent, c'est que ce doit être vrai...
...non?

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